VERDICT SCIENTIFIQUE OU POUDRE AUX YEUX

LE CŒUR ANALYSÉ EST-IL CELUI DE L'ENFANT DU TEMPLE ?
Après le déferlement médiatique à sens unique de ces derniers jours, rétablissons les faits.

En 1993, la Direction du Patrimoine au Ministère de la Culture répondait comme suit à une demande présentée par MM. Jacques Hamann, président du Cercle Historique sur la Question Louis XVII et Gérard Guicheteau, rédacteur en chef de la revue Historama :

Il apparaît, suite à ses conclusions et suite aux différentes études déjà réalisées, que le cœur déposé dans la crypte de Saint-Denis en 1995 est vraisemblablement celui de l’enfant d’une dizaine d’années ( NDLR : selon le rapport Pelletan ) mort à la prison du Temple en 1795 et autopsié par Pelletan, rien ne permettant d’affirmer que ce cœur est celui de Louis XVII. Le squelette du cimetière Sainte Marguerite appartient, d’après les examens ostéologiques de 1846 et de 1894, à un corps d’adolescent de seize à vingt ans. (Historama Spécial, 1993)

M. Philippe A.Boiry, Doyen de la Faculté Libre des Sciences de la Communication, alors chargé par convention entre les parties de coordonner les recherches sur l’ADN de Naundorf, reçut une lettre de la Commission du Vieux Paris (23 janvier 1998) et une autre de la Mairie de Paris (9 février 1998) exprimant la même conclusion : le squelette exhumé en 1894 au cimetière Sainte-Marguerite, soumis à l’examen d’éminents médecins, était bien celui de l’enfant autopsié au Temple le 9 juin 1795 et il s’agissait de celui d’un adolescent d’au moins quinze ans. Ces mêmes affirmations étaient réitérées dans une lettre du Cabinet du Maire de Paris (2 mars 1998).

Nous avons là des écrits officiels qui avouent que l’enfant mort au Temple le 8 juin 1795 ne pouvait en aucun cas être le fils de Louis XVI, né le 27 mars 1785, et donc alors âgé de dix ans. Or jusqu’à présent l’État s’en était toujours tenu à sa version du décès du petit roi au Temple en 1795. C’est nouveau puisque la forfaiture du pouvoir politique de l’époque s’étale en plein jour pour la première fois.

Ajoutons que les services officiels s’appuient sur les examens approfondis qui ont été réalisés sur le squelette lors de l’exhumation du 5 juin 1894, sur l’initiative de l’avocat G.Laguerre et sous la direction du Dr F. de Backer, entourés des docteurs Bilhaut, Magitot, Manouvrier, Poirier, Amoëdo. Cette équipe de médecins a retrouvé sur les restes mortels examinés les traces des affections scrofuleuses décrites dans le rapport d’autopsie du 9 juin 1795, ainsi que la trace de l’ouverture du crâne par le docteur Pelletan décrite par lui dans le même rapport, y compris le défaut du coup de scie qu’il mentionne dans une note ultérieure.

Les conclusions déposées par un tel aréopage d’éminents spécialistes vaut jugement sans appel : l’identification de ce squelette avec celui de l’enfant mort au Temple le 8 juin 1795 et autopsié le lendemain est irréfutable.
Or, les scientifiques qui ont examiné le cœur de Saint-Denis avant d’en couper un morceau pour analyses ont reconnu qu’il s’agissait du cœur d’ un enfant de 5 à 12 ans.

La conclusion s’impose : le cœur analysé ne peut, en aucun cas, être celui de l’enfant du Temple.
Remarquons que la Direction du Patrimoine n’avait désigné le cœur déposé à Saint-Denis comme étant celui de l’enfant du Temple qu’à titre de probabilité.

Dans ces conditions, il est illogique de qualifier d’affabulation l’ hypothèse d’une évasion de Louis XVII du Temple. En effet, si ce qui précéde ne prouve pas l’évasion du jeune roi, il est en revanche prouvé qu’une substitution a bien eu lieu avec un adolescent nettement plus âgé que le fils de Louis XVI.
Michel Jaboulay