VERDICT SCIENTIFIQUE OU POUDRE AU YEUX ?
LE CUR DÉPOSÉ À SAINT-DENIS EST-IL LE CUR PRÉLEVÉ PAR LE Dr PELLETAN
Rien ne prouve que le cur déposé à Saint-Denis soit celui conservé par Pelletan
Lors de lautopsie, le 9 juin 1795, le docteur Pelletan, qui dirigeait les opérations, sempara du cur de lenfant. Rentré chez lui, il le plaça dans un bocal rempli desprit de vin sur un rayon. Au bout de plusieurs années, le liquide sétait évaporé et lorgane était en quelque sorte momifié. Pelletan le rangea alors sans précaution spéciale dans un tiroir. Ce nest que plusieurs années plus tard quil saperçut de sa disparition, et soupçonna de ce vol son assistant, qui lavait quitté. La veuve de ce dernier lui restitua en effet ce quelle affirma être le cur subtilisé par son mari.
Rien ne prouve en réalité quil sagissait du même cur.
Mais les péripéties de cette malheureuse relique, dont lauthenticité est donc déjà douteuse à ce stade, ne sarrêtent pas là. Refusé par la famille royale, il trouva un refuge provisoire à larchevêché de Paris. Celui-ci fut mis à sac le 29 juillet 1830, et le cur se retrouva dans une décharge où le fils de Pelletan le retrouva par hasard, et le reconnut à son odeur desprit de vin, paraît-il.
Il faut remarquer à cet effet que lesprit-de-vin (en termes modernes lalcool) servait à lépoque à conserver les pièces danatomie, notamment dans un but didactique. Le fait quun cur conservé (sans alcool, il serait tombé en putréfaction depuis longtemps) sente lesprit-de-vin nest donc pas un élément convaincant didentification.
Après bien des allées et venues, lorgane, dans son urne, aboutit chez Don Carlos et a trouvé un dernier asile à Saint-Denis.
Est-ce toujours le cur subtilisé par Pelletan le 9 juin 1795 ? Rien ne prouve le contraire, bien sûr, mais le doute est tel que vouloir utiliser cet organe comme base des analyses est une mystification.
Les études menées dans ces conditions perdent tout droit de se qualifier de scientifiques.
Un ADN de Marie-Antoinette douteux
En 1997, le docteur J.H.Petrie, de nationalité néerlandaise, lança une étude dADN à partir dun os provenant dune exhumation des restes de Naundorf, à Delft, en 1950, et dautres éléments (cheveux recueillis dans la tombe de Naundorf, cheveux de Louis XVII, cheveux de Marie-Antoinette et de deux de ses surs, prélèvements sur des descendants par voie féminine de limpératrice dAutriche Marie-Thérèse, mère de Marie-Antoinette).
Les deux branches actuelles des descendants de Naundorf et le docteur J.H.Petrie conclurent un accord aux termes duquel la coordination serait assurée par le doyen Philippe A.Boiry et les analyses confiées dune part au professeur Jean Jacques Cassiman, du Laboratoire de Génétique Humaine de lUniversité de Louvain, en Belgique, et dautre part au docteur Olivier Pascal, du laboratoire de Génétique Moléculaire de lUniversité de Nantes.
Notons au passage que los qui servit de base à ces recherches avait été conservé pendant quarante-cinq ans (de 1951 à 1996), dans un bocal non scellé, dans un but didactique. Qui plus est, on le décrit tantôt comme un humérus (os du bras), tantôt comme un cubitus (os de lavant-bras), tantôt comme un tibia (os de la jambe), trois éléments du squelette humain qui nont pourtant ni la même forme, ni les mêmes dimensions et que des praticiens devraient identifier à première vue !
Ce qui est important dans le sujet de notre étude actuelle est le fait que les recherches sur lADN de Marie-Antoinette ne furent pas concluantes.
Il n'est pas de notre compétence de juger la qualité scientifique des recherches conduites pour retrouver le code génétique de Marie-Antoinette.
Mais nous nous référons à un homme de lart lequel, qui plus est, était partie prenante dans ces recherches : Le Docteur Pascal exprimait ses réserves à ce sujet dans une lettre du 13 mai 1997 adressée au professeur Cassiman.
Le cabinet du Maire de Paris, par une lettre en date du 9 février 1998, reprenait ces doutes à son compte.
Il faut encore préciser que lADN se dégrade avec le temps et quil est très sensible à lhumidité.
Mais il faut aussi ajouter que ces recherches ont été basées sur lADN mitochondrial qui se trouve inclus dans les mitochondries, microscopiques globules à lintérieur de la cellule dont elles sont en quelque sorte les centrales énergétiques. Ce choix, logique encore à lépoque, a été fait parce que lon croyait que cet ADN se transmettait presque intégralement de mère en fille (par voie féminine exclusive donc). Or des découvertes récentes dans ce domaine de la science qui évolue à grande allure ont démontré quen réalité lADN du père intervenait aussi et modifiait lADN résultant, celui de lembryon, lors de la fécondation.
Voilà qui relativise les résultats sur lADN de Marie-Antoinette, déjà douteux.
En résumé
Nous observons donc que des analyses ont été effectuées avec des méthodes modernes par des spécialistes compétents dans leur domaine, mais sur des matériaux dune authenticité douteuse et par comparaison avec un élément de référence tout aussi douteux.
Voilà ce que lon nous présente comme le verdict de la science !
Le lecteur jugera...
Il nest pas sans intérêt de remarquer que le processus qui a été suivi dans cette recherche dADN sur un cur reproduit exactement celui qui avait été utilisé lors des recherches sur los dit de Naundorf.
On retrouve le même laboratoire, les mêmes matériaux douteux, les mêmes affirmations aventurées.
Mais la comparaison ne sarrête pas là car un certain nombre daffirmations sur Louis XVII (ou supposé tel) sont identiques à celles que renferme le livre du Dr J.H.Petrie.
Michel Jaboulay