Le mythe de la preuve absolue ........................................................................................Dans l'affaire Louis XVII, deux faits objectifs : Louis XVII est mort et un enfant est décédé au Temple en 1795 ; un fait scientifique incontestable (les équipes des professeurs Cassiman et Brinkman sont de réputation internationale) : le code génétique de l'ADN mitochondrial des descendants de Marie-Antoinette est identique au code génétique de l'ADN mitochondrial d'un coeur conservé à la basilique Saint-Denis. De ces éléments objectifs sont déduits à la vitesse d'un e-mail que l'enfant mort au Temple est Louis XVII ... " Missa est "! Il est surprenant qu'au pays de Voltaire et de Rousseau cette démonstration n'ait fait l'objet d'aucune critique scientifique. Tout d'abord un code génétique mitochondrial est identique pour tous les individus d'une même lignée maternelle (tous les frères et soeurs ont le même) et souvent il n'est pas unique. Par curiosité, j'ai recherché la fréquence du profil génétique de Marie-Antoinette dans la banque de données que nous utilisons pour les affaires pénales. J'ai retrouvé ce code deux fois parmi 1961 individus caucasiens (de race blanche). Mais, à mon sens, l'élément le plus important est l'origine du coeur. Comment attester sérieusement que ce coeur, au parcours rocambolesque, qui a été volé, perdu, retrouvé sur des gravats, est celui de l'enfant du Temple ? D'autant que certains rappellent que le coeur du premier dauphin (mort en 1789) a été prélevé et conservé (sans que l'on ait pu retrouver sa trace). A une époque où un consensus s'établit pour exiger une traçabilité parfaite des pièces à conviction, comment ne pas s'interroger sur la validité de l'origine de cet élément de preuve ? Tout au plus, peut-on dire qu'un coeur déposé à la basilique Saint-Denis est probablement le coeur d'un (ou d'une) individu apparenté à la famille de Marie-Antoinette par les femmes, sachant que ce code génétique n'est pas unique et peut être retrouvé en dehors de cette famille. -----------------------------------------------Libération du vendredi 26 mai 2000 |